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Dr Michèle Cazaubon

Entretien avec le Dr Michèle Cazaubon

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Angiologue spécialisée dans le lipœdème

Entretien avec le dr Michele Cazaubon

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?

Bonjour, je m’appelle Michèle Cazaubon. Je suis angiologue, c’est-à-dire spécialiste des maladies vasculaires depuis… Un certain temps !

Je suis cardiologue de formation. Quand j’ai commencé mes études, le doppler, l’exploration fonctionnelle, voyait le jour et personne ne voulait s’y mettre donc mon patron à l’hôpital Bichat m’a dit « Allez Michèle ! Tu t’y mets ! »

Et depuis on ne s’est plus quitté le Doppler et moi !

Je ne suis pas phlébologue, c’est-à-dire que je ne pique pas les varices mais je fais le diagnostic de tout ce qui ne va pas :

  • quand il y a des varices, par où ça passe, par où ça ne passe pas,
  • pourquoi il y a des reflux,
  • pourquoi les veines sont trop grosses,
  • pourquoi elles sont visibles,
  • pourquoi elles font mal,
  • pourquoi elles peuvent se boucher…
  • Idem pour les artères.

L’interrogatoire est très important. Parmi les questions demandées par l’angiologue :

  • Y a-t-il des douleurs à la pression et au moindre contact ?
  • Y a-t-il des hématomes spontanés ?
  • Les jambes restent-elles fortes malgré les régimes et les exercices ?

Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur votre travail avec le lipœdème ?

Alors je ne suis pas un « médecin aux mains nues » :

J’ai un appareil d’échographie doppler qui me permet de voir à l’intérieur, de voir ce qui se passe dans les jambes, d’examiner les artères, les veines, les vaisseaux lymphatiques, c’est-à-dire les vaisseaux qui participent aussi à la circulation de retour, et en plus tous les tissus mous, le tissu sous-cutané dans lequel les vaisseaux circulent.

Je me suis aperçu que quand les femmes venaient pour des grosses jambes, avec des douleurs dans les jambes, des bleus qui apparaissent trop facilement, des varices qui augmentent…

Et quand on leur disait « le Doppler est normal, il y a rien sur les artères et sur les veines » elles repartaient très contentes mais d’un autre côté ce n’était pas très satisfaisant pour les prendre en charge et leur proposer d’améliorer leur situation et éventuellement de recourir aux spécialistes adaptés.

C’est pour cela que je me suis spécialisée dans le lipœdème qui est une maladie des cellules adipeuses. C’est-à-dire de tout ce qui est gras. Quand je dis « une maladie » : ce n’est pas reconnu par l’OMS pour l’instant, ça devait l’être au début de l’année mais je pense qu’ils ont eu des tas d‘autres problèmes et ils ont laissé tomber le lipœdème pour l’année prochaine. Quoi qu’il en soit c’est quand même une pathologie qui doit être prise en charge au même titre que les autres pathologies musculaires, tendineuses, etc.

Pouvez-vous nous parler de la différence entre le lipœdème et l’obésité selon vous ?

Dr Michèle Cazaubon pouvez-vous nous parler du pourcentage parmi vos patients qui ont cette maladie ?

Ma patientèle est essentiellement représentée par des femmes et en particulier depuis que je me suis spécialisée dans les « grosses jambes » et dans le lipœdème en particulier.

Avant que je ne me spécialise dans le lipœdème, ma patientèle comportait autant de femmes que d’hommes. Maintenant j’ai une plus grosse patientèle de femmes, pratiquement 99% de mes patients qui consultent pour des jambes lourdes sont des femmes.

L’examen commence par un interrogatoire précis car il faut savoir depuis quand ces jambes sont apparues. En général, que ce soit le lipœdème ou la cellulite, ça apparaît au moment de la puberté. C’est aggravé au moment des grands bouleversements hormonaux, en particulier lors de la grossesse ou de la ménopause. Le plus souvent il y a des antécédents familiaux : c’est-à-dire qu’il y a des grosses jambes de mère en fille, et dans la famille toutes les femmes présentent aussi des grosses jambes.

Quel est l’état d’esprit de vos patients quand elles viennent vous voir ?

Ça fait mal, ça les gènes au point de vue esthétique comme on est à une période où c’est valorisé d’avoir des grandes jambes longues sans gras ça peut poser un problème, même social, dans le travail et ça peut aussi poser un problème sur la qualité de vie, l’impression d’être traitée à part parce qu’on a des grosses jambes. Bref : c’est un gros problème et ça mérite vraiment une mise en charge qui soit la plus judicieuse.

Je ne vais pas leur dire « Demain vous aurez des jambes toutes fines » car ce n’est pas vrai. En général c’est un travail de longue haleine, il faut que la patiente accepte certaines contraintes, par exemple mettre des chaussettes de compression, faire du drainage lymphatique, faire de l’endermologie, et tout ça avec des gens hautement compétents. Et pas aller en institut et passer sous une machine et attendre le résultat sans rien faire. C’est vraiment une collaboration complète entre le médecin vasculaire, la patiente, bien entendu son médecin traitant et éventuellement le spécialiste médecin chirurgien qui va pouvoir aider à enlever la surcharge graisseuse là où il faut et là où on lui dit qu’il faut le faire.

Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le fait que, selon vous, la pathologie se transmet de mère en fille, il y aurait une transmission héréditaire ?

Car c’est une question récurrente de la part de nos patientes.

Absolument. Il y a des travaux qui sont faits pour rechercher des anomalies héréditaires mais pour l’instant il n’y a rien qui ressort. On a cherché à savoir pourquoi les cellules adipeuses grossissaient et se multipliaient comme le font les tumeurs mais on n’a rien trouvé actuellement qui puisse expliquer tout à coup ce n’importe quoi des cellules adipeuses qui deviennent trop grosses et trop nombreuses.

Elles peuvent se multiplier extrêmement rapidement ?

Extrêmement rapidement et progressivement et on n’a pas trouvé le moyen de freiner leur évolution. C’est pour ça que c’est un petit décevant parfois car quand une patiente a perdu 10 kilos et il n’y a rien au niveau des jambes. Je vois aussi des patientes avec des obésités morbides, avec des indices de masse corporelle à plus de 40. Des obésités sévères avec des femmes de plus de 140 kilos pour 1m70 et elles perdent la moitié de leur poids…

Et elles ont toujours des grosses jambes. Alors c’est bien elles ont fait le premier geste et il faudra que nous, on regarde ce que l’on peut faire pour compléter et leur rendre des jambes beaucoup plus convenables.

Dr Michèle Cazaubon, avez-vous des choses à rajouter ?

Oui. Je reçois souvent des patientes mieux informées que certains médecins vasculaires ou que certains généralistes qui leur disent « Bon bah on ne sait pas, il n’y a rien à faire. Faites du sport et perdez du poids. »

Les patientes vont sur les sites, les forums de discussion. Certains médecins ne sont pas intéressés par le lipœdème car il n’y a pas de traitement vraiment connu à l’heure actuelle.

Merci pour cet entretien.

Pour plus d’informations n’hésitez pas à contacter Madame Cazaubon et à consulter son site internet. Le Docteur Michèle Cazaubon vous reçoit dans son centre d’explorations vasculaires à Paris dans le 16ème arrondissement.

Nous vous invitons à prendre rendez-vous avec le Docteur Cazaubon, pour réaliser vos echo-doppler pré et post-opératoire. À l’occasion d’un rendez-vous, elle pourra également poser le diagnostic du lipœdème.

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